Conférence de Philippe Marcelé, Agrégé d’Arts Plastiques, dessinateur et auteur de bandes dessinées
En 2009, le centre Beaubourg, présentait une exposition intitulée « Vides ». Des artistes, dits « conceptuels », signèrent, comme une œuvre, une salle du centre laissée intégralement vide. Le Vide, ou le Rien, présenté, comme œuvre en soi, n’était pas une nouveauté. En 1958, dans la galerie d’Iris Clert à Paris, Yves Klein avait inauguré la problématique par son exposition du « Vide ». Dans tous les cas, exposer le Vide c’était montrer le non montrable, plus exactement « l’immontrable », parce que celui-ci, pure spiritualité, est au-delà des sens, tout comme Dieu. À l’origine, toutes les religions monothéistes ont condamné les images puisque le divin, pure spiritualité, était inaccessible aux sens et ne pouvait être figuré. Cependant, pour mieux faire connaitre son dogme, la religion catholique défendit les images et, contre l’iconoclasme byzantin, elle précisa sa doctrine dans le second concile de Nicée en 787. Mais cela n’alla pas sans problèmes et d’autres iconoclasmes eurent lieu notamment avec le calvinisme. À partir du XX° siècle, ne peut-on voir dans l’abstraction et le refus de la figuration, une résurgence de l’iconoclasme ? N’est-ce pas une nouvelle façon de rejeter l’image ? Quoi qu’il en soit, d’abstraction en abstraction, on en est bien arrivé au Vide ou au Rien. Aujourd’hui, le philosophe italien, mondialement connu, Giorgio Agamben, affirme que l’art n’a plus besoin d’œuvres concrètes. Il doit être pensé comme une religion en lui-même et se ramener à une « liturgie ». Est-ce bien là l’avenir de l’art?
Telles seront les questions que nous essaierons de débrouiller, sans chercher à leur apporter une réponse dogmatique.